24 janvier 2014 | Blog, Blog 2014, Communication | Par Christophe Lachnitt
La vitesse de perception de votre cerveau vous laissera pantois
Plus fondamentalement, elle est au coeur de la gestion des perceptions.
Des chercheurs du célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont démontré pour la première fois que le cerveau peut traiter des images que l’oeil voit durant seulement 13 milli-secondes. Leur étude a été publiée dans la revue Attention, Perception, and Psychophysics et relevée par Ray Kurzweil sur son blog. Jusqu’à présent, il était considéré que notre capacité de perception n’allait pas au-delà d’images vues pendant 100 milli-secondes.
Pour arriver à cette étonnante conclusion, les chercheurs en neurosciences du MIT ont demandé à des volontaires de chercher une photo donnée alors qu’ils regardaient une série de six ou douze images. Celles-ci leur étaient présentées durant 80 à 13 milli-secondes afin de tester les limites de leur perception. Le cap des 13 milli-secondes fut d’ailleurs imposé par la puissance de l’écran d’ordinateur utilisé et non par celle de l’oeil humain.
Mary Potter, professeur en sciences du cerveau au MIT, tire une passionnante conclusion de cette recherche : “le fait que nous puissions voir à des vitesses si élevées indique que notre vision s’attache à trouver des concepts. C’est ce qu’accomplit notre cerveau toute la journée : chercher à comprendre ce que nous voyons. Le travail de l’oeil est non seulement de fournir des informations au cerveau mais aussi de lui permettre de les traiter aussi rapidement que possible afin de déterminer ce qu’il doit regarder dans la foulée”.
Le fait que notre cerveau s’attache à comprendre le sens global des stimuli auxquels il est exposé – ce que Mary Potter qualifie de “concept” – sans s’attacher à leurs détails s’explique par la limite de sa capacité de traitement de l’information. Notre cerveau doit en permanence trier ce à quoi il s’intéresse pour ne pas imploser sous l’effet du nombre de stimuli qu’il reçoit.
Ainsi que je l’explique à mes étudiants pour illustrer avec un exemple concret ce point fondamental en matière de gestion des perceptions, notre sens du toucher est sélectif : il est désactivé pour les vêtements que nous portons – qui, le plus souvent, ne nous fournissent aucune information utile – mais activé lorsque nous caressons un chien.
Notre mémoire fonctionne de même : dans l’écrasante majorité des cas, elle se concentre sur le sens des événements que nous vivons et délaisse leurs détails, sauf pour les expériences ayant une charge émotionnelle telle qu’elles fixent ces détails dans notre souvenir. C’est pourquoi vous vous souvenez de ce que vous faisiez le 11 septembre 2001 mais pas de ce que vous avez mangé il y a onze jours.
La compréhension de ce mode de fonctionnement du cerveau est fondamentale en matière de perception parce qu’elle démontre que la seule chose qui compte dans ce domaine est le sens que nous communiquons à nos publics cible. Tout le reste est accessoire et donc éliminé par leurs cerveaux.