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Communication.Management.Marketing

Toute vérité n'est que perception

Les plus grands génies d’entreprise se distinguent d’abord par leur capacité visionnaire

De Henry Ford (“tous ceux qui fabriquent une voiture pourront conduire une voiture”1) à Bill Gates (“un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque foyer”2), les plus grands génie corporate imaginent un monde différent avant de le faire advenir.

Dans ce domaine, Elon Musk a probablement conçu la vision la plus ambitieuse de l’histoire de l’entrepreneuriat : “Tesla doit protéger la vie sur Terre, SpaceX doit prolonger la vie au-delà”3.

Avant de traiter de ses réalisations à cet égard, il convient de souligner combien, aujourd’hui, nous sommes confrontés au bon et au mauvais Elon. J’ai consacré un article sur Superception, il y a un an déjà, au fait qu’il était un producteur de dissonance cognitive à nul autre pareil. J’écrivais alors : “s’il faut être indifférent au progrès pour ne pas admirer l’entrepreneur, il faut être indifférent aux risques de régression pour ne pas mépriser l’activiste“. C’est plus vrai aujourd’hui que jamais : le poète de l’espace est aussi l’un des pires conspirationnistes des Etats-Unis.

Je m’intéresserai dans cet article au prodige car il est plus prodigue en leçons de management.

La semaine écoulée a fourni deux exemples de la capacité visionnaire d’Elon Musk et des risques insensés qu’il est prêt à prendre pour concrétiser des idées qui paraissent chimères à tout autre que lui. C’est en effet cette acceptation du risque à un niveau inédit qui le distingue de tous ses pairs. J’ai d’ailleurs détaillé dans un autre article paru sur Superception les échecs qu’il subit pour finalement réaliser l’impossible.

Le premier exemple récent a trait à l’incroyable atterrissage de la fusée Starship (voir la vidéo reproduite ci-dessous). Cette première s’inscrit dans l’objectif de disposer de véhicules spatiaux réutilisables pour rendre possible sur le plan économique les nombreuses missions vers Mars que la raison d’être de Space X (cf. supra) présume. Il y a quelques jours, il s’est agi de faire décélérer et se positionner à quelques décimètres près un engin (le Super Heavy Booster de Starship) de 275 tonnes et 71 mètres de haut (l’équivalent d’un immeuble de 26 étages) arrivant de l’espace à plus de 4 300 kilomètres/heure. Comme l’avait écrit Elon Musk sur X avant cette tentative, “l’excitation est garantie, le succès est possible“.

Les autres vidéos de cette réalisation sont plus incroyables les unes que les autres : vous pouvez en voir certaines ici, ici, ici, ici, ici et ici.

L’origine de cet “exploit” peut être trouvée dans trois explications d’Elon Musk.

Dans la première, il énonce l’équation économique qui l’a conduit à déterminer, pour SpaceX, l’objectif technologique déraisonnable de réaliser un progrès d’un facteur 1 000 :

Dans la deuxième, il expose, il y a treize ans, être arrivé, après mûre réflexion, à la conclusion que la mise en oeuvre de fusées réutilisables était (à peine) faisable sur le papier mais qu’il fallait la démontrer, et que SpaceX allait s’y atteler sans la moindre garantie de succès car la réalité l’emporte toujours sur les calculs et les simulations :

On connaît la fameuse citation de Mark Twain : “Tout le monde savait que c’était impossible. Vint un homme qui ne le savait pas. Et ce fut fait“. Elon Musk va plus loin : il sait que c’est presque impossible et le réalise.

Dans la troisième explication, il présente, il y a trois ans, sa vision pour réaliser l’atterrissage du Super Heavy Booster de Starship4, vision qui le fit passer pour un fou aux yeux de ses propres ingénieurs :

Le second événement de la semaine écoulée qui met en exergue la capacité d’Elon Musk de réaliser des visions apparemment insensées concerne la présentation du Cybercab et du Robovan de Tesla. Dans le domaine des voitures autonomes, Tesla a atteint le niveau 2 d’automatisation et est donc en retard sur Waymo qui maîtrise le niveau 4.

Le Cybercab lors de sa présentation – (CC) Tesla

Mais, comme avec ses fusées réutilisables, Elon Musk prend tous les risques. En l’occurrence, ceux-ci reposent sur un pari : surpasser ses concurrents en atteignant plus rapidement qu’eux le niveau 5 ultime d’autonomie – c’est pourquoi les Cybercab et Robovan qu’il a dévoilés n’ont ni volant ni pédales.

Pour ce faire, Elon Musk fonde désormais les logiciels de conduite autonome de Tesla, non plus sur des systèmes programmables en fonction de règles de circulation déclenchant des réactions codifiées, mais sur des réseaux neuronaux artificiels capables d’apprendre de manière autonome à imiter les conducteurs humains en digérant des milliards de vidéos. Or Tesla est aujourd’hui le seul acteur susceptible d’accéder de cette manière, qui semble la seule possible, au niveau 5, grâce aux données d’entraînement fournies à son intelligence artificielle par les caméras des millions de voitures Tesla qui circulent à travers la planète, notamment grâce au réseau de “superchargers” de la marque, un autre pari d’Elon Musk, qui compte 60 000 unités. La tactique (le succès commercial de la marque) est donc au service de la stratégie (sa domination des véhicules autonomes).

Comme dans le cas de SpaceX, Elon Musk joue, avec Tesla, sur le très long terme. C’est la marque des plus grands visionnaires.

1 “Everyone who makes a car will be able to drive a car.”

2 “A computer on every desk and in every home.”

3 “Tesla is to protect life on Earth, SpaceX to extend life beyond.”

4 Incidemment, je vous recommande le visionnage des trois vidéos (ici , ici et ici) de visite par le youtubeur Tim Dodd (Everyday Astronaut) de Starbase, les installations texanes de SpaceX, avec Elon Musk comme guide.

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